Les maux de la France

Ci-dessous l'introduction de mon livre 'LES MALHEURS DE MARIANNE" qui s'intitule : Les Maux de la France
Les maux de la France
« Plus rien ne pouvait vaincre Rome, mais plus rien non plus ne pouvait la sauver. Elle avait conquis le monde mais elle avait perdu son âme. » »
Gilbert-Keith Chesterton – « La sagesse cachée de la fable »
En France c’est l’Etat qui a constitué la nation, une exception dans le monde. Quand il tousse la France s’enrhume. Quand l’Etat se délite, la nation se disloque. La crise d’autorité de l’Etat régalien est en grande partie responsable des maux du pays
La maison France se lézarde. Ses murs porteurs s’affaissent peu à peu sous les coups que lui portent ses ennemis, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui veulent le chaos et la destruction de notre nation. Nos fondamentaux sont mis à mal : liberté, égalité, fraternité, au même titre que travail, famille, patrie. L’école, mère nourricière de nos valeurs, est en grand danger ; elle est attaquée de toutes parts et est sur le point de s’effondrer. L’Etat se délite, impuissant qu’il est à résister aux coups qu’il reçoit. Le peuple français a perdu son homogénéité et a de plus en plus de mal à vivre ensemble. La diversité heureuse, projet de nos élites mondialisées, a fait long feu. Deux peuples vivent dorénavant sur le même sol, et comme l’avait redouté Gérard Collomb au moment de quitter le ministère de l’intérieur, ils ne vivent plus seulement côte à côte mais commencent à vivre face à face. A ce rythme, le séparatisme guette, avant peut-être une possible guerre civile. On marche vers le gouffre comme des somnambules, avec des œillères.
Pour simplifier et faciliter la compréhension de mon propos, disons qu’il y a deux France, celle du foot et celle du rugby. Celle du foot vient en grande partie des banlieues, elle est jeune et bigarrée ; c’est la France métissée chère à Mélenchon, à la fois dans les tribunes et sur le terrain. Pas sûr que la France profonde, celle qui a vibré à l’équipe Black Blanc Beur de 1998, se retrouve encore dans cette équipe de France, dans laquelle bien souvent un seul Blanc est là pour lui rappeler que c’est la France qui joue, et non pas une équipe d’Afrique, comme elle est souvent parodiée dans les différents stades d’Europe et du monde. Il est de plus en plus dangereux d’emmener les enfants au stade, tant l’ambiance dans les tribunes est virile et agressive. Sans même parler des après matchs dans la rue où des racailles célèbrent la victoire de leur équipe en brulant les voitures et pillant les magasins.
L’équipe de France de rugby, au contraire, avec Super Dupont à la baguette et ses valeurs d’abnégation et de solidarité, fait vibrer cette France de souche et la rend fière. Dans les stades comme devant les écrans, le public y est majoritairement blanc, comme les joueurs. L’ambiance dans les tribunes est bon enfant ; on y fait la fête, pas la guerre. Les valeurs sportives y sont glorifiées.
Canal Plus ne s’y est pas trompé qui a laissé tomber la Ligue 1 pour mieux promouvoir le Top 14. Un coup d’œil sur les audiences télé confirme le désamour du public pour ce qu’est devenu le foot français ; les audiences du foot national se trainent. A l’automne 2024, le XI national a peu fait recette : Israël vs France à Budapest n’a attiré que 4 millions de téléspectateurs, France vs Israël à Paris 4.95 millions, et Italie vs France à Milan le 18 novembre, 5.14 millions. A comparer aux 7.3 millions de téléspectateurs qui se sont régalés la veille devant le XV tricolore qui affrontait la Nouvelle Zélande dans un Stade de France en ébullition, plein à craquer, chantant à capella la Marseillaise dans une ambiance de folie. Le rugby, fédérateur a le vent en poupe ; il nous fait revivre les émotions de Paris 2024. Est-ce une explication ?
Comment un pays a-t-il pu changer à ce point en quarante ans ? Les boomers, dont je fais partie, ne reconnaissent plus leur France. Ils sont comme dépossédés de leur pays, de leur histoire, de leur culture, de leurs traditions. Ils craignent de ne plus pouvoir transmettre à leurs enfants ce pays merveilleux dont ils ont hérité de leurs pères. Ils sont tristement conscients qu’ils risquent d’être définitivement le maillon faible qui a lâché dans la grande transmission de l’histoire nationale. Ils se sentent coupables de ce désastre ; ils ont honte, ils ont failli. Ce sont eux qui ont sacrifié les droits-liberté (« droits de ») aux droits-créances (« droits à ») et promu la morale hédoniste dans laquelle une vie réussie ne vaut que par la somme des plaisirs éprouvés. Le grand publicitaire Jacques Séguéla n’a-t-il pas affirmé que si on n’a pas une Rolex à cinquante ans, on a raté sa vie… En n’assurant plus la continuité historique et morale de la nation, ils ont dilapidé l’héritage. Hédonisme se conjugue mal avec ordre et sécurité.
Tout cela par faiblesse, par lâcheté, par excès de tolérance. Leur mantra de jeunesse « Il est interdit d’interdire » les a rattrapés. Ils périssent par là où ils ont péché : la tolérance est victime de l’intolérance ; les minorités agissantes ont réussi à imposer leur loi à cette majorité vieillissante et amorphe. Les Français ne s’aiment plus, ils n’aiment pas ce qu’ils sont devenus. Et pourtant, les Jeux Olympiques l’ont montré, la flamme est toujours là, prête à se rallumer au moindre souffle, pour peu que les conditions s’y prêtent.
Découragés par cette noyade entrevue, les Français sombrent dans un pessimisme nihiliste qu’ils tentent de traiter au moyen d’antidépresseurs toujours plus nombreux ou en sombrant dans les délices anesthésiants de la drogue. Les plus ambitieux, les plus résolus à s’en sortir partent ailleurs, chercher fortune là où l’herbe leur parait plus verte. Quel est l’avenir d’un pays déserté par ses cerveaux, par ses entrepreneurs, par ses artistes, et envahi par un nombre croissant d’assistés incultes ?
Les trois piliers sur lesquels repose notre France depuis plus de mille ans sont en cours d’effondrement. Combien de temps la structure tiendra-t-elle si rien n’est fait pour consolider les bases. La famille, l’école et le christianisme sont les bases sur lesquelles la France s’est bâtie. Toutes trois sont en grand danger. La famille ne se reproduit plus, les Français ont renoncé à enfanter. L’école est chaque jour plus vacillante ; elle ne remplit plus son rôle, celui d’instruire la jeunesse, garante de l’avenir prospère du pays. Quant au christianisme qui a imbibé nos lois, nos us et nos coutumes, il ne cesse de s’estomper, de s’évaporer, cédant inéluctablement la place à la nouvelle religion conquérante, l’islam.
La société est chamboulée, les repères bousculés, la France a perdu la boussole. Quel contraste avec ce qui se passe dans le monde en dehors de l’Occident, que ce soit en Asie ou en Afrique. Là-bas l’optimisme et l’espoir ; ici le pessimisme et la résignation.
Nos dirigeants n’ont pas compris l’évolution du monde et n’ont pas su protéger leur peuple. Ils n’ont pas su faire obstacle au terrorisme et ne peuvent rien faire contre l’accroissement irrépressible de la délinquance et du narcotrafic. Sans compter que le pouvoir s’est peu à peu éloigné du peuple. Quelques exemples parmi tant d’autres :
- Le maire a perdu nombre de ses prérogatives au bénéfice du président de l’intercommunalité.
- La volonté du peuple n’est pas respectée quand elle se fait entendre[1].
- Les 11 millions d’électeurs du RN sont traités en sous citoyens et privés d’une représentation légitime dans les arcanes de l’Assemblée nationale.
- Les prérogatives nationales sont irrésistiblement transférées de la nation à l’UE.
La société moderne a perdu l’humain. A force de vouloir inclure, de les forcer à vivre ensemble, on a fini par exclure les Français de leur pays, de leur culture. On leur a fait perdre leur âme. L’inclusion forcée a engendré l’exclusion subie. La France n’est plus un pays, c’est un archipel de communautés. On a perdu l’«humanus francus ». Chacun chez soi, mais l’Etat pour tous ! Qui prend toujours un peu plus dans la poche de celui qui travaille pour donner à celui qui ronge son frein en attendant son dû. Cette redistribution des richesses atteint son point de rupture et s’apparente à de la spoliation quand « la loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas ». C’est le message crié par les gilets jaunes, exaspérés de cette spoliation, de ce vol. Les tensions communautaires se creusent chaque jour un peu plus et les liens sociaux sont rompus : Le Français est devenu un solidaire solitaire. Le modèle social français doit être revu de fond en comble, sous peine d’explosion et de dislocation. Qui en aura le courage ?
La peur s’est emparée du pays, à tous les niveaux, dans toutes les composantes de la société. C’est la peur qui dicte leurs comportements aux Français. : Qui fait éviter les transports publics aux femmes après une certaine heure, qui retient les musulmans de dénoncer l’islamisme radical, qui bâillonne les artistes[2], qui dicte leur conduite aux représentants de l’Etat (police, tribunaux, prisons etc…) ? Sur nos télévisions, les témoins témoignent à visage caché, souvent la voix déformée, pour dissimuler leur identité. Ils ont peur d’être reconnus, peut-être même de devenir des cibles à leur tour. Jamais la célèbre phrase de Roger Gicquel « La France a peur. » n’a eu autant de sens et de résonnance : Cette phrase qui avait fait scandale il y a cinquante ans est devenue une triviale banalité. Les habitants de la France hésitent à sortir le soir, se barricadent derrière leurs digicodes et s’organisent en « voisins vigilants » ; le salaire de la peur n’est plus un film, il est devenu leur quotidien !
Personne mieux que l’analyste politique et sociologique Jérôme Fourquet[3] n’a mieux décrit la situation de notre pays. Selon lui, le modèle français qu’il qualifie de « stato-consumériste » touche à sa fin. Il a conduit la France dans une impasse, et à une quasi-faillite de ses comptes publics.
Ce qui menace la France c’est de s’effondrer de l’intérieur ! Quand le régalien cède, quand l’Etat renonce, les féodalités se reconstituent immédiatement. Notre principal ennemi est en nous, il s’appelle reniement, l’autre nom du renoncement.
A l’extérieur aussi, la France perd pied. Son influence sur la scène internationale rétrécit comme peau de chagrin. La Grande Nation qui fut à l’époque napoléonienne le deuxième pays le plus peuplé du monde, compte aujourd’hui 68 millions de Français sur une population mondiale de 8 milliards d’habitants[4]. CQFD. L’heure est au « Sud Global[5] », expression stupide que je rejette, qui ne correspond en aucune façon à la réalité géopolitique du monde. Je lui préfère, et de loin, l’expression le « Non West[6] » terme anglosaxon que ces pays utilisent pour se présenter comme l’ensemble des pays du monde non occidental.
En conclusion, quand les maux d’un pays engagent son pronostic vital, ce ne sont pas les mots qu’on emploie pour les décrire qui sont choquants, mais bien les réalités qu’ils renferment. Une bonne thérapeutique ne peut réussir que si le mal a été bien identifié. Sans faux semblant, avec la nuance nécessaire, mais avec l’aplomb de la vérité. Tel est mon engagement.
[1] Le NON au référendum sur la Constitution européenne en 2005 n’a pas été respecté par les dirigeants qui ont contourné l’obstacle par le Traité de Lisbonne en décembre 2007.
[2] Elie Seimoun l’a avoué avec courage dans un entretien au JDNews du 3 novembre 2024
[3] Je renvoie à ses livres, parmi d’autres : « L’Archipel français » (2019), « La France sous nos yeux » (2021), « La France d’après » (2023) ou « Métamorphoses françaises » (2024)
[4] Soit 0.8% de la population mondiale
[5] Au départ il s’agissait de décrire des pays en voie de développement qui se trouvaient principalement dans l’hémisphère sud. Mais aujourd’hui comment imaginer dire que la Chine est un pays en voie de développement, sans compter que nombre de ces pays sont dans l’hémisphère nord. Cette appellation est donc une hérésie.
[6] Littéralement, ce qui n’est pas l’Ouest