La dictature de la PARISTOCRATIE
Dans mon prochain essai à paraitre au printemps 2025 "Les malheurs de Marianne" j’évoque à plusieurs reprises la PARISTOCRATIE, un néologisme que j'ai créé et qui concerne le système oligarchique français. Cette élite parisienne exerce une sorte de dictature de la pensée qui doit être dénoncée.
La dictature de la PARISTOCRATIE
« La manipulation de l’opinion est aux démocraties ce que la matraque est aux dictatures »
L’auteur
On ne le dira jamais assez, l’influence, sous toutes ses formes, joue un rôle prépondérant dans nos démocraties. En république, contrôler l’opinion publique, c’est être le maitre ! Gramsci l’a dit, la façonner est encore mieux. La gauche l’a bien compris qui, en contrôlant l’univers culturel, a colonisé le monde des idées. En France, tous les pouvoirs, politiques, médiatiques, juridiques, économiques, culturels et artistiques, sont concentrés à Paris, dans la capitale ; une concentration unique parmi toutes les autres démocraties occidentales. Partant du principe que qui contrôle les idées, contrôle le monde, les loups gauchistes ont envahi Paris, et pris dans leurs griffes toutes les sphères de pouvoir.
La Révolution française croyait avoir aboli les privilèges et pendu les aristocrates à la lanterne, mais tout est à refaire car une nouvelle caste a pris le pouvoir en France. Si la Révolution française avait eu pour but de s’en débarrasser, deux siècles plus tard, une nouvelle aristocratie s’est reconstituée, qui profite du jacobinisme révolutionnaire, pour délivrer, urbi et orbi, ses diktats idéologiques depuis les rives de la Seine. Rien n’a changé, Paris dicte toujours le tempo de la nation. Cette classe dirigeante, cette caste élitiste, cette intelligentsia parisienne qui donne le ton, arbitre les élégances, impose ses choix et ses idées au reste du pays depuis les beaux quartiers de la capitale, je l’appelle d’un néologisme que j’ai créé[1] et que j’écris en lettres capitales : la PARISTOCRATIE.
Elle déborde de ce que Raymond Barre avait appelé en son temps le microcosme ; ce dernier se résumant essentiellement à la classe politique et à quelques médias influents, la PARISTOCRATIE l’englobe pour déboucher sur quelque chose de plus large, de plus global. Une idéologie d’atmosphère qui dicte sa loi, qui impose ses lois. Cette hyper classe d’une petite centaine de milliers d’élites s’est arrogé le droit de vie et de mort sur les idées qui peuvent circuler librement dans ce pays. Sans leur blanc-seing, impossible d’avoir accès aux médias subventionnés et de se faire entendre. Ils savent verrouiller pour mieux s’imposer. A la manière d’une société secrète[2], ils se serrent les coudes, s’épaulent l’un l’autre, se renvoient l’ascenseur. Comme dans toute aristocratie, n’y est pas accepté le premier venu. Comme dans n’importe quel club privé, la porte en est close à ceux qui ne sont pas du sérail. Il faut montrer patte blanche, être reconnu, jugé digne d’en être, et au final, être coopté par ses pairs, et invité dans les diners en ville. Alain Souchon a bien décrit ce phénomène dans sa chanson Poulailler’s song :
Dans les poulaillers d’acajou,
Les belles basse-cours à bijoux
On entend la conversation
D’la volaille qui fait l’opinion…
Y a une sélection, c’est normal
On n’lit pas tous le même journal
La PARISTOCRATIE qu’on appelle aussi le « tout Paris » regroupe la crème des leaders d’opinion. Politiques, journalistes, écrivains, artistes, chefs d’entreprises, magistrats, avocats et haut-fonctionnaires ; ils ont ce pouvoir exubérant et exorbitant, de façonner l’opinion. D’apprendre au peuple à bien penser, à avoir les idées justes, celles qui ne peuvent souffrir d’aucune contestation. Celles qui mènent la France.
Les membres de cette nouvelle aristocratie n’héritent pas leurs titres de leurs ancêtres, mais de leurs postures. Dans cette sphère d’élite, pour être de bonne société, il convient d’avoir des idées généreuses, de préférer le monde à la France, et de donner des leçons de morale à la France d’en bas, qui a tendance à mal voter. Le café de Flore et le café Costes deviennent, avec les diners en ville, les tribunaux de cette nouvelle inquisition. De son piédestal de vertu irréprochable, l’élite parisienne distribue les bons et les mauvais points. Au nom de sa supériorité morale, elle honore ou excommunie. Elle ne se trompe jamais. Si le peuple ne la comprend pas, c’est que ce peuple ne la mérite pas, il faut le dissoudre. Instruite à l’Ecole Alsacienne ou dans les meilleurs lycées (Louis Le Grand, Stanislas, Sainte-Geneviève, etc…) ses membres intègrent Sciences Po, l’ENA ou les grands corps d’Etat. Ils se retrouvent dans les clubs d’influence (Franc Maçonnerie, Young Global Leaders, Club Bilderberg, Medef, Institut Montaigne, Fondation Jean Jaurès etc… Pour un petit nombre, ils sont même passés directement du ghetto au gotha. Centre névralgique de la gauche progressiste germanopratine, elle s’est éloignée des classes populaires pour ne plus rien partager avec elles. A l’inverse d’un Trump milliardaire américain qui parle au peuple, les politiciens du microcosme de la PARISTOCRATIE ne parlent qu’entre eux, comme au théâtre. Le public n’est là que pour applaudir.
La PARISTOCRATIE c’est beaucoup d’esprit mais peu de bon sens. Le bon sens c’est terre à terre, paysan, agricole même, comme l’a célébré une banque du même nom. Insupportable pour cette nouvelle aristocratie autoproclamée qui décide de ce qui est bien ou mal, de ce qui est in ou out. En un mot, c’est elle qui détermine la doxa dominante, celle qui s’impose au pays, et qui ne doit pas être contestée. C’est elle, avec son idéologie inclusive, qui fixe les canons du bon gout. La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques en fut la projection idéologique glorifiée. La PARISTOCRATIE a adoré se mettre en Seine.
Ce n’était pas son coup d’essai. Cette élite adore la provocation envers le petit peuple sous culturé. Ainsi de l’œuvre de l’artiste contemporain Paul Mc Carty érigée sur la Place Vendôme, avec la complicité extatique de la Mairie de Paris, QG de la PARISTOCRATIE sous la baguette d’Anne Hidalgo. Ces élites dérangées ont voulu faire passer ce gros machin vert pour un sapin de Noel, alors que ce n’était en fait qu’un vulgaire plug anal géant. Une façon originale de se moquer des ploucs[3], incapables de comprendre leur finesse. Les gueux finiront par le dégonfler et le faire disparaitre. Certains membres du club d’élite ont quand même vu là ce qu’il y avait à voir : « L’accaparation de l’espace public par une coterie de riches, de critiques et de fonctionnaires de la Culture » Le journal Le Monde a même osé braver l’opprobre de l’élite et écrire : « Il y a mieux à faire que gonfler un phallus couleur sapin dans les beaux quartiers de Paris » Ces postures fallacieuses des élites de la PARISTOCRATIE insupportent au plus haut point les Français qui les ressentent comme des impostures. Le vieux combat de la vox populi contre la vox Parisii.
Baignant dans un bouillon de culture progressiste et noyautée par la gauche, la PARISTOCRATIE, c’est 50 nuances de rose. Du rose rouge des insoumis au rose pâle des socio-démocrates. On y tolère le vert mais on y vomit le bleu surtout le bleu marine ; qu’il soit celui du RN ou des forces de l’ordre. Elle voit dans le Rassemblement National une horde de barbares, anxieux de mettre fin à ses privilèges, de bousculer l’entre soi confortable, d’où elle exerce son magistère moral et culturel. Le club des contents de soi ne veut pas d’une nuit du 4 aout !
Le discours de cette caste éclairée commence souvent par « On ne peut pas ne pas », en ligne avec ses gourous autoproclamés que sont BHL ou Jacques Attali. Car cette hyper classe a une une exigence morale, un devoir d’humanité qu’elle impose avec morgue au petit peuple ignorant. Quelques noms, parmi tant d’autres pour mettre un visage sur les Paristocrates ; On y trouve pèle mêle les artistes Juliette Armanet, Benjamin Biolay, les journalistes Patrick Cohen, Yan Barthes, la famille Duhamel, Ruth Elkrief, les magistrats et avocats Dupont-Moretti, Alain Jakubowicz, les politiques Jack Lang, Alexis Kohler, Jean-Pierre Jouyet. Sans oublier les parangons de vertu comme Anne Sinclair, Raphael Einthoven et autres âmes bien nées. En son sein, seul le progressisme a droit de cité. Le Paris d’Anne Hidalgo est une sorte de boboland écologiste qui vote à gauche, voire à l’extrême gauche. Ses évangiles, ce sont Libération, Le Monde, Télérama, L’Obs ou Courrier International. France Inter est sa parole ! L’entre soi y règne en maitre, les couples se nouent pour mieux s’épauler. Ses grandes figures ont pu avoir noms l’avocat Robert Badinter et sa femme Elizabeth[4], ou encore la journaliste Christine Ockrent et le ministre Bernard Kouchner, la journaliste Anne-Sophie Lapix et le PDG de PUBLICIS, Arthur Sadoun, Léa Salamé et Raphael Glucksmann, etc…. [5]. C’est le monde des beaux esprits, des beaux quartiers, des « beautiful people », des bien-pensants. C’est le camp du Bien qui nous dit quoi penser ; toujours pour notre bien !
A l’inverse, le provincial et iconoclaste Michel Onfray n’a jamais été accepté au sein de la PARISTOCRATIE. Trop prolo, trop provincial trop indépendant et trop libre d’esprit pour faire partie des conformistes moutons de Panurge ; il n’a pas sa place au sein de cette nouvelle aristocratie parisienne, contente d’elle-même, qui s’ébat dans ses privilèges avec la satisfaction autoproclamée d’être l’avant-garde et le phare de la pensée universelle.
S’il est difficile de parvenir à pénétrer le club très fermé de la PARISTOCRATIE, une fois dans la place, c’est « j’y suis j’y reste » ! Le conformisme en est la meilleure garantie. Surtout ne pas commettre l’impair qui heurterait le politiquement correct et vous propulserait en dehors du cercle. Dans ce monde codifié, le moindre dérapage vous propulse vite sur le toboggan de l’exclusion. Ici la contradiction et le débat sont acceptés dans un cadre formatté. En sortir, c’est prendre le risque de tout perdre après tant d’efforts pour atteindre l’Olympe. La PARISTOCRATIE, arbitre des élégances et des règles, est prompte à siffler le hors-jeu et à pointer le carton jaune, qui peut parfois tourner au rouge, quand la faute est trop grave. C’est alors l’exclusion et direction le banc de touche du terrain médiatique, sous les huées du public. Finis les diners en ville, les invitations médiatiques, l’exclu va découvrir la solitude du paria.
La force de la PARISTOCRATIE est de savoir se renouveler, se régénérer. Elle sait ouvrir ses bras à ces provinciaux ambitieux qui sont monté à Paris faire carrière et qui désormais regardent de haut leurs anciens camarades dans les territoires. Diplômés de Sciences Po et de l’ENA, pérorant dans les cabinets du pouvoir, triomphants au box-office ou dans les diners en ville, ces Rastignac modernes sont sortis vainqueurs du « carnaval des ambitieux »[6]. Ils deviennent rapidement les meilleurs fers de lance de leur nouvelle classe. Ils ont du savoir-faire, ont su le faire savoir, c’est l’heure de faire valoir leur talent. L’exploit n’est pas mince, il faut savourer cette promotion sociale.[7] La province vit mal le pillage de ses meilleurs éléments, d’où son ressentiment envers la capitale.
Mais attention, une fois accepté, il importe avant tout de ne pas s’en faire éjecter. Ce serait trop bête de se faire chasser de l’Olympe après tant d’efforts pour y parvenir. Pour cela, un maitre mot : pas de vagues, ne pas se faire remarquer, ne pas s’écarter de la bien-pensance Paristocrate. Quand on a été accepté par ce club si fermé, il importe d’en respecter les codes. Gare à ceux qui seraient tentés de prendre leurs distances avec la doxa. Sure d’elle-même et de son bon droit, la PARISTOCRATIE ne saurait tolérer d’opinion contraire qui viendrait contrevenir à son magistère moral. Exprimer un avis, une opinion, affirmer une conviction qui s’écarte de la doxa de cette aristocratie bien-pensante, c’est se condamner à l’excommunication morale, à la mise à mort intellectuelle. Les diners en ville peuvent être cruels et signer votre mise au bucher, mieux que n’importe quelle condamnation officielle. La PARISTOCRATIE n’est au final qu’un succédané du BIG BROTHER orwellien qui s’exerce de façon plus insidieuse et sournoise. Elle manipule plus qu’elle ne contraint. Et c’est diablement efficace ! La soumission volontaire est plus forte que n’importe quelle cravache. La foi déplace des montagnes, bien plus que le fouet !
Quand le tout Paris qui dirige tout diverge à ce point de la France profonde qui est la force vive de la nation, il y a cassure, césure même. Rappelons que lors des dernières élections européennes la liste RN de Jordan Bardella a fini 6ème à Paris, avec 8.6% des voix tandis qu’elle triomphait en tête avec 31.5% des suffrages à l’échelle nationale. Preuve de plus que la capitale du « boboland » français est totalement déconnectée du pays qu’elle dirige. On est prié de ne pas confondre le village de tentes qui prolifèrent sur les bords du canal Saint Marin avec le village de tantes qui se trémoussent dans le Marais. Incompréhensible pour les provinciaux ! L’idéologie de la PARISTOCRATIE n’est pas celle de la France. Cette dichotomie acte la rupture entre les élites et le peuple. La fragmentation du pays est en marche.
D’un côté une capitale et des grandes métropoles qui rejettent le populisme du RN et donnent leur préférence à la belle âme Raphael Glucksmann quand 93% des communes et 96 départements sur 101 ont placé Jordan Bardella en tête dans un raz de marée bleu marine. La détestation du RN de cette caste privilégiée tient plus d’un rejet de classe que d’une critique politique. Le RN au pouvoir, c’est une nouvelle sociologie aux manettes, une menace potentielle pour la PARISTOCRATIE et ses privilèges. En laissant accéder au pouvoir le parti des sans-grades, le parti de la France d’en bas, l’aristocratie parisienne craint pour ses avantages. L’entre soi de l’élite parisienne ne peut prendre ce risque, son confort et ses privilèges doivent être préservés à tout prix. . La pérennité des subventions culturelles, des passe-droits et des pantouflages est à ce prix ; il faut tout faire, mobiliser tous les moyens, politiques et médiatiques, pour empêcher ce cataclysme. Tous les membres du club doivent participer à ce combat, chacun à son niveau : politiques, journalistes, artistes Ce serait quand même trop bête de se faire éjecter du chœur du pouvoir par une bande de manants. Il s’agit de vite dresser un cordon sanitaire pour protéger l’arc républicain de la peste brune.
Le phénomène des gilets jaunes n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une jacquerie provinciale contre la PARISTOCRATIE, incapable de les comprendre depuis ses immeubles haussmanniens. Incomprise, invisible, la France populaire déborde de colère et en vient même à bruler les symboles de l’Etat, provoquant la panique au sommet de l’establishment. Cette fracture entre les élites et le peuple qui les juge totalement déconnectées joue un grand rôle dans la désorientation de notre pays. Si les élites faillissent, qui pour montrer le chemin ?
Que nos nouveaux aristocrates prennent garde, le point de bascule se rapproche. Le rejet des élites parisiennes grossit et gronde ; malgré tous leurs efforts pour le museler et le discréditer, le RN est aux portes du pouvoir.
En réalité, le seul objectif de la PARISTOCRATIE est le statu quo. Il lui faut préserver ses privilèges, son pouvoir d’influence, le confort de ses diners en ville. Sous un vernis virevoltant, « Il faut que tout change pour que rien ne change » pourrait bien être son mantra inavouable. C’est ce qui explique sa lâcheté et son cynisme. L’hypocrisie y règne en maitre. Comme sur la scène d’un théâtre, les acteurs font semblant. Garder son rôle, obtenir les applaudissements du public, du petit peuple, voilà ce qui compte. Sous couvert de grands principes, de grandes idées, de grands sentiments, la vérité crue est celle-ci, triste mais implacable. Peu de courage parmi cette classe de privilégiés, la lâcheté leur sert de boussole pour les guider vers les seuls objectifs qui vaillent à leurs yeux. Conserver leurs privilèges. Ces progressistes de façade ne sont en réalité que des conservateurs de leur préséance.
Les journalistes recherchent l’audience, les politiques convoitent les voix, quand les artistes ont les yeux sur le box-office. Dans ce milieu, comme dans la chanson, « le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté. »
J’aime à rappeler ce que disait De Gaulle, grand connaisseur de la nature humaine, à Alain Peyrefitte[8] : « Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie françaised’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à diner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain car il lui permettait de continuer à diner en ville malgré le désatre national. »
Bien évidemment, au sein de la PARISTOCRATIE et de son théâtre, c’est la classe médiatique, qui joue le rôle principal. Leur carte de presse devient une carte de prêche Ils se sentent investis d’une mission, celle d’éduquer voire de rééduquer ceux qui sont dans l’ignorance ou se sont égarés. C’est cette médiacratie, qui, avec l’appoint des artistes, a le plus grand pouvoir d’influence car elle a tous les moyens à sa disposition pour façonner l’opinion à sa guise, de faire ou défaire les réputations. Dans cette sphère du pouvoir, on se tient les coudes. Sur les plateaux télé, leurs jeux de rôles sont bien rodés. La courte échelle et les renvois d’ascenseur sont monnaie courante pour assurer la promo d’un membre du club. Avec la complicité bienveillante et active des chaines qui savent oublier leur concurrence pour l’occasion.
Mais gare au dérapage ! Dans ce milieu, aucun écart ne saurait être toléré, surtout s’il est de nature sexuelle. Rien ne doit venir entacher la réputation de la caste. Gérard Depardieu, Nicolas Bedos ou Ary Abittan en savent quelque chose. Les carrières peuvent être brisées, les notoriétés invisibilisées ; Olivier Duhamel peut en témoigner. « The show must go on », le public doit continuer à être subjugué, rien ne doit venir le distraire ; les turpitudes du club doivent rester secrètes, à l’abri du public. Pas vu pas pris est la règle ; mais être pris vaut expulsion, excommunication. Tous pourris, tous pour un n’est pas la devise en cours. Un pourri, un de trop ; il faut vite l’éliminer avant que le grand public n’en vienne à douter de la vertu de ceux qui le sermonnent. La condamnation doit être exemplaire, impitoyable. Il faut se débarrasser au plus vite du membre gangréné, de peur que le corps entier soit affecté. La Presse s’empresse alors de mettre en pratique son axiome de base : Lécher, lâcher, lyncher. Il faut bruler ce qu’on a adoré, non sans une certaine jouissance d’ailleurs.
Cette PARISTOCRATIE patricienne méprise la plèbe qu’elle ne supporte qu’en se bouchant le nez. Après tout, ces sans dents qui se plaignent constamment de ne pas avoir assez, s’ils n’ont pas de pain, eh bien qu’ils mangent des brioches[9]! En PARISTOCRATIE, la populace ne doit pas penser par elle-même ; la police de la pensée est là pour y veiller. Face aux événements et à la lâcheté de cette caste, agréons avec Philippe de Villiers : « ce que doit redouter aujourd’hui plus que jamais notre dissociété techno-marchande, ce n’est pas un manque d’intelligence mais bien un manque de conscience, un renoncement de la pensée humaine »
Incidemment, notons que dans le grand cirque contemporain, les gladiateurs à la peau d’ébène sont loués, admirés, encouragés dans les arènes qu’on appelle stades. Héros des temps modernes, les meilleurs d’entre eux sont même acceptés à rejoindre la fête, à partager le festin. Festin qui sera débarrassé par des esclaves, à la peau noire eux aussi. Gladiateurs et esclaves au service du bon plaisir de l’aristocratie, ça ne vous rappelle rien ? On n’est pas loin de Rome. La ville Lumière se veut Éternelle!
Dans la France d’en bas, on a les pieds sur terre, et le bon sens près de chez soi. Pour elle, c’est encore plus vrai en province, la PARISTOCRATIE n’est que le marigot des parigots.